La thérapie des modes et des schémas
Pour qui, pour quoi ?
Les TCC, utilisées seules, peuvent ne pas suffire à la prise en charge d'un mal-être plus diffus sans "cible" précise. Ceci est d'autant plus vrai, que nos émotions et nos cognitions : pensées, images et discours intérieurs ne sont pas toujours le produit d'une logique rationnelle accessible à notre conscience critique. Ces pensées, en partie automatiques, subissent l'influence de nos schémas (1) de pensées.
Ces schémas cognitifs, en particulier ceux acquis précocement, façonnent notre personnalité, notre vision de nous-même, et notre perception du Monde par exemple, lorsque nous employons une étiquette réductrice pour nous définir ou définir autrui : "je suis nul(le)", "c'est un incapable".
Ils focalisent notre attention sur les indices propices à venir confirmer et sur-généraliser ces préjugés : "je n'arrive pas à trouver de boulot, je suis nul(le), je suis un(e) bon(ne) à rien".
Ils conditionnent parfois nos comportements de manière rigide, automatique et totalitaire, "j'aimerais postuler, mais à quoi bon ? Je suis certain(e) d'échouer".
Dans ce contexte, il devient difficile de se départir de ce mode de "pilotage automatique" qui s'accorde si bien à notre personnalité et nous met à l'abri des épreuves tant redoutées : se confronter à la possibilité d'un échec ou d'un jugement.
Ce fonctionnement automatique, souvent conditionné par des expériences malheureuses précoces répétitives, "un échec au tableau devant la maîtresse, j'étais la risée de toute ma classe", nous empêche de pouvoir expérimenter d'autres issues possibles dans notre vie d'adulte : découvrir notre capacité à survivre à l'échec et au jugement, prendre plaisir à la réussite, même partielle pour accéder à une actualisation de soi.
C'est la raison pour laquelle, chez certaines personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), il sera nécessaire de pouvoir assouplir certains schémas de pensées, tels que le perfectionnisme ou le sens exacerbé de la responsabilité, en plus de cibler la réduction des comportements compulsifs (contrôle, lavages répétés, etc.) grâce à une thérapie brève.
La thérapie des modes et des schémas est une psychothérapie intégrative qui utilise les apports des neurosciences (1), de la psychodynamique (2), des TCC et de la théorie de l'attachement (3).
Utilisée dans le cadre du traitement des troubles de la personnalité (4) et des troubles chroniques (dépression, anxiété, etc.), elle vise l'assouplissement de ces schémas rigides au profit d'une plus grande liberté de pensée, de décision et d'action pour le patient et limite les risque de rechute.
(1) Les schémas désigne les croyances et connaissances de base qui contribuent à la compréhension qu'a une personne
d'elle-même, du monde et des autres. Ils se développent tôt dans l'enfance, à partir des expériences vécues, et continuent à s'élaborer tout au long de la vie. Quand
ils sont pris pour acquis et considérés comme irréfutables, certaines problématiques ayant leur origine dans l'enfance peuvent
se maintenir longtemps dans la vie adulte.
(2) La Psychodynamique se rapporte à l'étude du psychisme. La thérapie psychodynamique est utilisée comme synonyme adogmatique de la thérapie psychanalytique.
(3) La théorie de l'attachement se base sur l'idée générale que pour connaître un développement social et émotionnel normal, un enfant a besoin,de développer une relation d'attachement avec au moins une personne prenant soin de lui de façon cohérente. Notre type d'attachement: sécure, insécure, évitant, etc, conditionnerait notre style relationnel à l'âge adulte.
(4) Les personnes souffrant de troubles de la personnalité peuvent éprouver des difficultés en matière de cognition, d'émotions, de relations sociales et/ou interpersonnelles, ainsi que de contrôle des impulsions.